Discours et confidences : pourquoi est-il plus difficile de parler à ceux qu’on aime ?
- Sébastien Lay
- 18 avr.
- 2 min de lecture
Prendre la parole en public, c’est facile. Prendre la parole en privé, c’est une autre histoire.
On parle toujours de l’art oratoire comme s’il ne concernait que les tribunes, les estrades et les micros. Comme si parler en public relevait d’une science, et parler en privé d’un instinct. Or, il n’y a rien de plus faux.
L’un des plus grands défis de la prise de parole, ce n’est pas de captiver une assemblée, c’est de dire à son conjoint qu’on est fatigué de porter seul(e) la charge mentale. Ce n’est pas de convaincre un auditoire, c’est d’expliquer à un ami que son comportement nous blesse, sans le vexer. Ce n’est pas de motiver une équipe, c’est de dire à son enfant qu’il a tort, sans qu’il entende qu’on ne l’aime pas.

La peur de parler : un enjeu sous-estimé
Les études montrent que la prise de parole en public est l’une des plus grandes peurs humaines. Selon une enquête menée par le National Institute of Mental Health, environ 75% des personnes ressentent une forme d’anxiété face à la prise de parole en public (glossophobie). Pourtant, si l’exercice est stressant, il suit des codes bien définis : une posture maîtrisée, un discours structuré, un public qui écoute en silence.
Mais qu’en est-il de la communication privée ? À la maison, au travail, dans nos relations amicales, la peur de parler ne disparaît pas. Au contraire, elle devient plus insidieuse, car elle met en jeu des émotions plus profondes. La communication interpersonnelle est souvent bien plus difficile que la communication publique, car elle engage nos liens affectifs.
Les conflits relationnels : un coût invisible mais réel
Les difficultés de communication en entreprise ou en famille ont un impact concret sur notre bien-être et notre efficacité. Selon une étude de The Economist Intelligence Unit, 44% des employés estiment que les problèmes de communication génèrent du stress et des tensions au travail, et 18% affirment qu’un manque de communication interne entraîne la perte d’opportunités business.
Dans la sphère privée, une étude menée par le Gottman Institute, spécialisé dans l’analyse des relations de couple, montre que le manque de communication est l’un des premiers facteurs de divorce. Le simple fait de ne pas exprimer ses ressentis ou de ne pas savoir comment formuler une critique sans blesser peut fragiliser un couple, une amitié, ou même une relation parent-enfant.
En public, on structure. En privé, on marche sur des œufs.
En public, on cadence, on argumente. En privé, on mesure, on ménage, on choisit ses mots comme on pose des jalons sur un champ de mines. En public, on est dans le verbe ; en privé, dans l’intime. Pourtant, la mécanique est la même : il faut se faire entendre sans braquer, toucher sans écraser, formuler l’inconfort sans déclencher la guerre.
Alors oui, il y a des différences. Mais elles ne sont pas là où on les attend. Ce n’est pas une question d’échelle, c’est une question de risque.
➡️ En public, on risque l’ennui. En privé, on risque l’amour.
Et vous, dans quel contexte avez-vous le plus de mal à prendre la parole ?
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